Éric Perret
Interview de Mr Perret.
J’ai commencé à collaborer avec le PLIE il y a 10 ans. J’ai été parrain de nombreuses fois, mais j’ai aussi été engagé dans la formation et le recrutement de nouveaux parrains, notamment avec le CJD qui a toujours été promoteur du rôle sociétal de l’entreprise. Au début, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais j’ai tout de suite accroché avec l’idée et la réalité des actions de parrainage. Et je peux vous dire que je ne regrette pas ces sept années d’engagement. Pour moi le parrainage, c’est apporter un soutien bien sûr. Mais c’est aussi une rencontre, souvent avec des personnes éloignées de notre milieu socioprofessionnel. Du coup, pour moi qui travaille surtout avec des cadres, l’une des vertus principales de ces rencontres, c’est de nous remettre à notre place. J’essaie d’aider au maximum le filleul que j’accompagne, mais je dois dire que ça m’aide aussi beaucoup. C’est quelque chose qui me porte, qui me permet d’évoluer et qui a, je pense, une influence positive dans mon travail avec des cadres dirigeants.
L’essentiel ? C’est l’action
En quelques mots, le premier objectif du parrainage est d’aider la personne à comprendre le monde de l’entreprise, ses codes et ses règles. Mais c’est aussi d’aider à comprendre qu’aucune place n’est dûe, et qu’il faut mettre en action une vraie stratégie, s’entraîner et communiquer, connaître ses forces et ses faiblesses, et surtout, ne pas se décourager. Devenir actif, c’est surtout apprendre à dissocier la difficulté de vie au quotidien, les échecs du passé et le futur possible. Si on devait définir une compétence-clef du chercheur d’emploi, ce serait justement cette capacité à se défaire de ce qui nous met dans l’incapacité de croire à un projet de vie meilleure. Prendre de la distance avec la pression de la réussite et avec le déterminisme du passé. Réaliser cà, c’est se mettre en situation d’assumer ses reponsabilités pleinement.
Ce qui est marquant chez certaines personnes, c’est ce mélange entre une grande motivation à travailler et la permanence de freins qui empêchent de concrétiser le projet. Parfois, même lorsqu’un emploi ou un stage est trouvé, ça ne suffit pas à résoudre certaines difficultés. Parce que l’échec n’est pas seulement une situation, ça peut devenir aussi une identité lorsqu’on en a trop vécu. Mais lorsqu’on arrive à transformer l’échec en force pour réussir, la relation parrain/filleul devient vraiment forte, tout devient possible. Une recherche d’emploi efficace impose de savoir utiliser nos échecs pour rebondir. On apprend à toujours remettre de l’énergie dans le projet, de l’engagement lorsque le moral baisse, parce que dès que l’attention est perturbée par des difficultés quotidiennes, on est toujours tenté de redevenir passif. Pour un parrain, cette dynamique est un signe fort : lorsqu’un filleul commence à avoir une énergie plus stable, un engagement plus linéaire, on sait que ça va marcher.
Le PLIE constructeur de passerelles avec l’entreprise
Les entreprises doivent s’intéresser aux questions et aux enjeux de l’insertion des publics précaires. C’est une responsabilité sociale, mais aussi un enjeu interne à l’entreprise. Évidemment, toutes ne sont pas encore dans cette dynamique, mais l’intérêt de l’action du PLIE, c’est d’avoir développé et animé un vrai réseau qui avance sur cette voie. C’est un énorme travail qui a permis de sensibiliser de nombreuses structures sur le territoire. Et je crois que la grande force du PLIE a été de se baser très tôt sur cette dimension entrepreneuriale. C’est un enjeu d’avenir extrêmement important : maintenir des sas d’insertion vers l’emploi, des actions permettant d’approcher le monde du travail, et mobiliser les entreprises non seulement pour embaucher des personnes précaires, mais surtout pour les maintenir en emploi. Tout le monde est gagnant dans cette optique, car l’entreprise a tout intérêt à développer ses capacités à intégrer et à favoriser la durabilité des emplois.